Alpha

Trame, le texte a été modifié, mais je ne l'ai pas ici :-/

Dans un cabinet d'avocat, petit, mais connu, un homme d'une trentaine d'années, vêtu d'un costume beige, chemise blanche et cravate assortie à la veste beige, est encore dans son bureau à 22 heures. Son ordinateur est allumé, avec des dizaines de pages sur un dossier qu'il traite ces derniers temps. Sa spécialité est les meurtres. Il défend toujours la victime, mais essaie d'enquêter pour savoir la vérité, plutôt que d'accuser un innocent qui joue le parfait rôle du coupable. Etonnant, n'est-ce pas ? Venant d'un avocat, oui, sûrement. Mais lui, il ne pense pas qu'à gagner le procès, mais plutôt à donner la vérité à tous. Des tonnes de feuilles sont éparpillées sur les différents dossiers qu'il traite. Trois tasses de café sont sur la table, l'une est vide, deux sont remplies. Quelques morceaux de sucre non loin de la cuillère pour accompagner le tout. Le bureau est tellement bordélique, qu'on ne voit plus la couleur du bureau en lui-même qui est en bois peint clair. Deux pots de crayon en face de lui, des fournitures un peu partout. On voit bien qu'il est surchargé de travail. L'homme ne cesse de lire son écran, en passant quelques fois sa main pale dans ses courts cheveux bruns. Il est épuisé, des cernes se dessinent sous ses yeux, des bâillements sortent d'entre ses lèvres, signe qu'il ne s'est pas énormément reposé depuis quelques temps.

C'est alors que la poignée se tourne, ne le déconcentrant pas une seule seconde. Une jeune femme entre dans le cabinet, sourire aux lèvres, en secouant la tête. Un souffle s'échappe de sa bouche, montrant clairement son air blasé. Elle doit avoir environ le même âge que lui qui en a 32. Cheveux blonds et longs, yeux verts, bouche fine, silhouette fine et grande, vêtue d'un jean et d'un pull noir. C'est une femme magnifique, au point que plusieurs hommes se retournent lorsqu'ils la voient. Et c'est l'associée de Jake, l'avocat. C'est aussi sa meilleure amie. Le regard de Jake se pose sur elle, tous les deux se regardent pendant plus de deux minutes, avant que l'avocat ne prenne la parole.

- Quoi ? S'exclame-t-il, agacé de sentir un regard sur lui. Sa collègue croise les bras dans l'encadrure de la porte, le dévisageant. Il ne voit donc pas ce qui dérange ? C'est tout simple. Cela fait des heures et des heures qu'il est cloué à son fauteuil ! Il ne se bouge même pas pour nettoyer ses tasses et mettre du café dans une seule et même tasse. Non, il se sent obligé d'en prendre plusieurs par paresse. La blondinette, elle, est partie depuis des lustres, mais la femme de son associé l'a appelé plusieurs fois, lui demandant où était passé son homme. Et cela fait des mois que ça dure...

- Ta femme m'a appelé, encore ce soir. Tu devrais être avec elle, plutôt que de rester scotché sur ton écran. C'est pas en relisant que tu vas avancer mon petit. Souffle-t-elle, en haussant les épaules. Jake n'a aucune excuse, mais il est sur un dossier difficile. Une femme a disparue, mais aucune preuve n'est là pour pouvoir dire exactement que le suspect numéro 1 est le coupable. Tout ce que l'on sait, c'est que la femme disparu est morte. Des photos ont été envoyées, juste pour s'amuser. Le meurtrier est malin, et Jake a toutes les raisons de croire qu'il court encore dehors.

- Ecoute Lisa, t'es bien gentille, tu me laisses faire mon boulot. Dit-il, sèchement, en fronçant les sourcils et en lui faisant comprendre qu'elle allait devoir partir maintenant.

- Ton boulot ? Mais t'es avocat !! Pas détective, pas flic, non, t'es avocat. Rétorque Lisa, en posant ses mains sur le bureau de son associé et en le regardant bien droit dans les yeux. La jeune femme est blasée, agacée, et en même temps frustrée de ne pas pouvoir lui ouvrir les yeux. Il se prend à chaque fois la tête pour rien du tout ! Surtout que ce n'est absolument pas son travail. Jake éteint son ordinateur, se lève, furieux, et enfile sa longue veste noire. Lisa le regarde faire, en sachant très bien qu'il a enfin compris qu'elle avait raison. C'est avec sa femme qu'il devrait être en ce moment, pas dans son bureau. A croire qu'il aime plus son travail que sa famille, bien qu'il n'a pas d'enfants, ce qui est peut-être vrai. L'avocat sort ensuite du cabinet, criant à sa collègue pour qu'elle l'entende de son bureau qu'elle devra fermer la porte derrière elle, sans dire autre chose de plus. Lisa acquiesce et secoue la tête ensuite, désespérée de ne pouvoir rien faire de plus.

Jake marche le long du boulevard où se trouve son cabinet, énervé. Il n'aime pas ça, se faire virer de son bureau alors qu'il est en plein travail, même s'il n'avançait pas spécialement sur l'affaire. Les photos envoyées de la jeune femme morte à sa famille sont encore dans sa tête, son visage, ses blessures... Mais où est-elle ? C'est la question qu'il se pose. Où est ce corps ! Il y aurait des empruntes, des indices qui pourraient avancer un peu plus l'affaire et ne pas condamner un innocent. Son innocent. Celui qu'il défend. Il est persuadé qu'il n'est pas coupable. Il est persuadé que c'est un homme bien et qu'il n'avait aucune raison de faire ce genre de choses. Le boulevard paraît long, éternisant, Jake prend alors l'une des petites ruelles, raccourci pour l'emmener jusqu'à chez lui. C'est alors qu'il s'arrête net et se retourne doucement vers la vue du boulevard. Sa voiture ! Tellement perturbé par l'affaire qu'il n'a pas pensé à prendre sa voiture garée près de son cabinet. Plus le temps de faire marche arrière, l'avocat reprend donc son chemin, plus lentement cette fois-ci. Les mains dans les poches, le regard baissé sur le sol, Jake réfléchi encore et toujours, jusqu'à se désintéresser totalement du sujet à la vue d'une femme recroquevillée sur elle-même dans un coin de la ruelle sombre et étroite. Ce qu'elle porte est déchiré, c'est une robe blanche et légère qui est portée, mais les bords sont déchirés. Ses pieds sont nus, aucune chaussure ne la recouvre. Ses cheveux longs et châtains cachent son visage. Jake se rapproche d'elle, doucement, s'accroupit afin d'être à sa hauteur et pose une main sur son épaule, elle est froide, comme ses bras d'ailleurs. L'inconnue est complètement gelée. A rester comme ça, elle pourrait mourir. L'avocat pense d'abord à une agression, vu l'état de sa robe, mais elle ne semble pas avoir de blessures, ni sur ses bras, ni sur ses jambes, ni sur... son visage qu'il vient d'apercevoir en déplaçant ses cheveux. L'homme se stoppe tout de suite, écarquille les yeux et tombe sur ses fesses, sur le coup de la surprise. La jeune femme relève son visage, ses larmes mouillant ses joues, ses sanglots remplaçant le bruit du silence. C'est elle... La femme morte que tout le monde cherche. Mais son visage est intact ! Aucune blessure ! Aucune ! Contrairement à la photographie qu'il a pu voir d'elle... C'est exactement la même personne. Est-ce une hallucination ? Ou peut-être qu'Anya, la jeune femme censée être décédée, avait une jumelle ?